L’éthique hacker

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«L’expression hacker ethic désigne un ensemble de valeurs et de principes partagés par la communauté des hackers depuis la publication, en 1984, de Hackers : Heroes of the Computer Revolution du journaliste américain Steven Levy.»(INF 6107, 7.3.1, L’éthique hacker)

Voici donc les règles que l’auteur souhaiterait voir s’étendre non pas seulement aux hackers, mais à l’ensemble de la société :

  1.  Vous devez obéir à l’impératif de la pratique : l’accès aux outils qui permettent de comprendre le fonctionnement du monde devrait être total et illimité.
    La meilleure façon d’apprendre à utiliser un outil et éventuellement de l’améliorer est de « se mettre les mains devant ». On doit y avoir accès, le monter, le démonter, en comprendre tous les mécanismes pour avoir une chance de créer quelque chose d’encore mieux.
  2. Toute information devrait être libre et gratuite.
    L’information est ce qui nous permet de nous améliorer et de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Il est primordial pour un hacker que celle-ci soit accessible à tous ceux qui en ont besoin.
  3. Méfiez-vous de l’autorité et faites la promotion de la décentralisation.
    Un hacker refuse toute forme d’autorité. Il ne se préoccupe pas des règles, seulement du résultat. Il n’y a pas de hiérarchie dans l’organisation du travail des hackers. La décentralisation permet une diminution du contrôle de l’information.
  4. Les hackers devraient être évalués par leurs actions et non par des critères factices comme les diplômes, l’âge, l’origine ethnique ou la position hiérarchique.
    Les hackers fonctionnent aux mérites. Les compétences sont le seul critère d’acceptation dans la communauté. C’est une des raisons qui explique le succès des hackers en matière de développement de logiciel et de hacking.
  5. Vous pouvez créer de l’art et de la beauté avec un ordinateur.
    Comme utilisateur, on peut comprendre cette phrase dans le sens de toute création artistique réalisée à l’aide d’outils informatiques. D’un point de vue de programmeur, il peut s’agir de logiciels, d’algorithmes et même de code particulièrement élégant, astucieux, efficace, ou optimum. Comme dit souvent mon programmeur d’époux : « La beauté ne s’achète pas… elle se code.»
  6. Les ordinateurs peuvent améliorer vos vies.
    Les hackers croient qu’on peut faire des choses extraordinaires avec les ordinateurs. Pour eux, l’univers auquel l’ordinateur nous permet d’accéder est sans limites.

Le philosophe finlandais, Pekka Himanen, soutient que l’éthique hacker est une nouvelle éthique du travail et qu’elle est en rupture profonde avec l’éthique protestante à la base du capitalisme. Si dans l’éthique protestante du travail on doit vivre pour travailler, pour les hackers, travailler signifie plutôt, s’engager dans une passion. Dans l’économie capitaliste, la seule motivation pour travailler est la rémunération. L’activité du hacker est motivée par la passion, la créativité et la socialisation. L’organisation du travail est également très différente. Les hackers fonctionnent par coopération directe alors que la plupart des entreprises dans l’économie capitaliste ont recours à l’autorité hiérarchique.

L’anthropologue E. Gabriella Coleman explique dans Coding Freedom: The Ethics and Aesthetics of hacking que l’éthique des hackers, depuis Steven Levy, c’est diversifiée, tout comme les hackers.

 

Références :

Pekka Himanen, 2001,The Hacker Ethic and the Spirit of the Information Age
Steven Levy, 1984, Hackers: Heroes of the Computer Revolution
E. Gabriella Coleman, Coding Freedom: The Ethics and Aesthetics of hacking
E. Gabriella Coleman and Alex Golub, 2008, Hacker practice: Moral genres and the cultural articulation of liberalism

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