« temps de cerveau humain disponible » ou l’économie de l’attention

cerveau

“Ce que nous vendons à Coca Cola c’est du temps de cerveau humain disponible”

Cette phrase est celle de Patrick Le Lay, à l’époque, président-directeur général de TF1.
Malgré le cynisme de la formule, elle semble bien illustrer cette nouvelle branche de l’économie qu’est l’économie de l’attention.

L’un des premiers chercheurs à formuler le concept d’économie de l’attention est le sociologue et prix Nobel d’économie Herbert Simon dans son article « Designing Organizations for an Information-Rich World ». On pouvait y comprendre que dans la perspective ou l’attention humaine est une ressource rare et limitée et où il y a surabondance d’informations, l’attention est devenue plus précieuse et monnayable que l’information elle-même.

Tomas H. Davenport  et J.C. Beck ont défini ainsi le concept d’attention en 2001 dans leur livre : The Attention Economy: Understanding the New Currency of Business.  : “ Attention is focused mental engagement on a particular item of information. Items come into our awareness, we attend to a particular item, and then we decide whether to act.”

Yves Citton a une définition similaire en 2013 «l’attention est définie comme une tension vers une action effective et non comme une simple capacité de saisie et d’absorption d’informations. Ce sont les comportements sortant du sujet attentif qui comptent vraiment – bien davantage que ce qui s’exprime en lui du monde extérieur.»

C’est le marketing et le management qui ont développé les outils permettant d’analyser l’attention. Des types d’attention ont été identifiés et ont a développé des outils pour en évaluer la durée, l’intensité ainsi que la valeur marchande. Il existe également un principe de “symétrie de l’attention” qui dans le cadre du marketing s’exprime de la façon suivante : Pour recevoir de l’attention, il faut prêter attention.

Cette réciprocité de l’attention n’existe pas lorsqu’on entre dans l’univers des médias de masse. Les médias de masse sont des machines bien huilées qui diffusent leurs produits de façon quasi mécanique alors que les spectateurs accordent leur attention sur une base toute personnelle. On sombre alors dans ce que l’économiste Georg Franck appelle « l’exploitaton culturelle« . Il défini cette exploitation comme celle qui tente de mobiliser notre attention afin d’orienter nos désirs dans le but de créer de la richesse…pour les diffuseurs de contenu…

 

Références :

Bernardo A. Huberman Extrait de Social Computing and the attention Economy
Yves Citton, L’économie de l’attention Nouvel horizon du capitalisme. Éditions la découverte, 2014
Georg Franck, 7 décembre 1999, The Economy of attention