Une Google taxe ?

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En 2013, le GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) a réalisé un chiffre d’affaires de 316 milliards. C’est le PIB du Danemark. Dans un excellent article, le journal du Geek trace un portrait des griefs que certains pays européens entretiennent envers Google. Obama, dans une entrevue diffusée par le site Re/code, vient de critiquer l’Union Européenne. Il leur reproche, en quelque sorte, d’user de protectionnisme à l’encontre de Facebook et de Google. Lorsqu’on lui parle des enquêtes européennes sur la protection des données personnelles ou sur les pratiques anticoncurrentielles. Il explique ceci :

«Leurs entreprises – les fournisseurs de services qui, vous savez, ne peuvent pas rivaliser avec les nôtres – essaient essentiellement d’empêcher nos entreprises de fonctionner efficacement. »

Et il poursuit sur sa lancée :

« Nous avons possédé Internet. Nos entreprises l’ont créé, développé et amélioré de telle manière que l’Europe ne puisse pas lutter. Et fréquemment, ce qui est décrit comme des prises de position nobles est en fait juste une manière de placer leurs intérêts commerciaux. »

En Europe,  le moteur de recherche Google effectue 90% des recherches sur internet. Le Parlement européen a adopté une résolution pour que Google sépare son moteur de recherche des autres services commerciaux. La Commission européenne enquête depuis 4 ans sur Google pour abus de position dominante.

«Goliath a encore une fois gagné. La presse espagnole renonce. Celle-ci demandait à ce que Google paie une « redevance » pour utiliser ses contenus sur des services tels que Google News. Mal lui en a pris, Google menaçant de fermer purement et simplement Google News en Espagne. Refroidie, la presse espagnole préfère se tourner vers l’État et l’Union Européenne pour mener les négociations.»1

Lorsque les États européens réclament que Google cesse ses entraves aux entreprises qui contrairement à Google, paient des impôts,  Obama les targue d’empêcher les entreprises américaines de fonctionner efficacement. Lorsque ce sont les États-Unis que Google prive d’impôts, Obama les accuse de manquer de patriotisme. Il est vrai que les multinationales souffrent d’une absence de sentiment national. Ce sentiment, s’il pouvait éventuellement émerger d’une bande d’actionnaires assoiffés de croissance, ne devrait-il pas être partagé,  au prorata, entre toutes les nations qui lui procurent son pain et son beurre ?

Certains parlent d’une «taxe Google». Les profits que Google réalise en Europe le sont par une compagnie appelée «Google Ireland Holdings». Cette filiale est enregistrée à Dublin, mais est située aux Bermudes. On nomme cette stratégie d’évitement fiscale un «Double irlandais». La mondialisation  a ouvert de nouvelles possibilités d’évasion fiscale. Il y a un mouvement général de mécontentement face à ces multinationales qui , en jouant sur plusieurs tableaux, ne paient d’impôt nulle part. Crise oblige, les états doivent aujourd’hui prendre des mesures pour récupérer cet argent. Ils pourront progressivement mettre fin à ces pratiques avec le projet BEPS de l’OCDE et du G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice.

Caroline Arseneau

1. Le journal du Geek, déc 2014,
La presse espagnole cède face à la menace de fermeture de Google News

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