Terrorisme et réseaux sociaux

Des forums plus ou moins discrets, la propagande terroriste a migré vers les réseaux sociaux majoritairement américains et simples d’utilisation comme Facebook, YouTube, Instagram, Twitter et Skype. D’Al-Qaïda au groupe État Islamique, la promotion de la terreur a le vent dans les voiles. Nous faisons face à un véritable « marketing » du terrorisme. Outre que les réseaux sociaux semblent, d’une certaine manière, offrir une légitimation au contenu produit par les organisations terroristes, ils offrent à ces groupes une opportunité de se créer, en quelque sorte, une « image de marque ».

Recrutement
Le recrutement de djihadistes s’effectue principalement auprès des jeunes. On utilise une stratégie de diffusion ciblée. Les profils des utilisateurs sont scrutés afin de sélectionner les candidats potentiels et de déterminer la façon la plus efficace de les approcher pour les diriger ensuite vers du contenu de plus en plus extrême. L’élaboration des contenus se fait de manière très soignée visant un impact maximal. La langue anglaise est largement utilisée afin d’atteindre plus facilement les Occidentaux. Les jeunes ont donc accès à une grande quantité de textes, vidéos, photos qui présentent la guerre d’une façon attrayante en utilisant des codes propres à leur génération et en mettant de l’avant des valeurs auxquelles ils sont sensibles.

Pour ceux qui ne souhaiteraient qu’aider au recrutement ou à la propagande sans se rendre en zone de guerre, le statut de « moudjahidin » est maintenant offert à ceux qui ne pratiquent que le djihad électronique.

Plusieurs plates-formes
Un rapport du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis énumère les différentes utilisations terroristes des réseaux sociaux :

Sur Facebook,

  • Il y a le partage d’informations opérationnelles et tactiques comme des recettes de bombes, l’entretien et l’utilisation des armes à feux;
  • c’est une porte d’entrée à partir de laquelle ont peut migrer vers du contenu plus radical en se joignant à des groupes ou à des forums de discussion;
  • il permet la diffusion de matériel médiatique contenant de la propagande terroriste ou des messages idéologiques extrémistes et finalement, on y retrouve beaucoup d’informations pouvant éventuellement aider à choisir des cibles potentielles d’attaque terroriste.Il y a le partage d’informations opérationnelles et tactiques comme des recettes de bombe, l’entretient et l’utilisation des armes à feu;

Sur Twitter,

  • Il est principalement utilisé pour communiquer avec les sympathisants;
  • il est le canal de choix pour transmettre des liens vers divers documents;
  • il semblerait qu’il ait été également utilisé pour des communications tactiques lors d’attaques.

Sur YouTube,

  • Il est considéré comme un média de choix pour le djihad, non seulement permet-il la diffusion de vidéos à un large auditoire, il facilite aussi le réseautage des djihadistes par le biais des commentaires laissés sur les vidéos et des messages privés.

Le contre-terrorisme
Les gouvernements tentent, à coup de législations, d’endiguer le phénomène en mettant de la pression sur les individus, les fournisseurs de services et sur les réseaux sociaux eux-mêmes. Pendant ce temps, les agences de renseignements de ces mêmes gouvernements reconnaissent la valeur et l’utilité des informations qu’elles récoltent à partir de l’activité des organisations terroristes sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux tentent de s’adapter en modifiant ou en ajoutant certaines règles d’utilisation, et le cas échéant, en fermant les comptes des contrevenants. Le réseau russe Vkontakte  a annoncé avoir récemment supprimé une soixantaine de pages du groupe État Islamique. Twitter et Facebook ont été désertés par plusieurs islamistes radicaux après la suppression de plusieurs comptes ayant relayé la vidéo de décapitation de James Foley  en août 2014. Il y a d’ailleurs une migration des organisations terroristes vers des plates-formes décentralisées comme, par exemple, « Diaspora* ». Les données de ses réseaux ne sont pas localisées sur des serveurs centraux, mais sur plusieurs serveurs qui sont chacun sous la responsabilité de leur propriétaire/administrateur respectif. Il est donc beaucoup plus compliqué de retirer du contenu.

Conclusion
Les moyens d’interventions sont limités et leur efficacité ne fait pas l’unanimité. Certains spécialistes de la question s’entendent quand même pour dire que l’information doit être combattue par l’information et que celle-ci a d’autant plus de valeur auprès des jeunes ciblés par les organismes terroristes, lorsqu’elle émane d’organismes non gouvernementaux ou mieux encore, de simples citoyens.

Références :

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